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Vasif Huseynov est conseiller principal au Centre d’analyse des relations internationales (AIR Center) et maître de conférences à l’Université Khazar de Bakou, en Azerbaïdjan. Il a publié cette opinion le 31 décembre dernier sur commonspace.eu en réaqction à un article du magazine d’investigation allemand der Spiegel, très critique à l’égard du régime dictatorial. Extraits.
» Aujourd’hui, l’Azerbaïdjan est très différent du pays qu’il était il y a cinq ans. Pour la première fois en plus de 200 ans, la nation entame la nouvelle année sans troupes étrangères sur son sol, ce qui en fait le seul pays du partenariat oriental à franchir cette étape. Ayant restauré sa souveraineté sur tous ses territoires internationalement reconnus, l’Azerbaïdjan prévoit de célébrer 2025 comme l’Année de la Constitution et de la Souveraineté.
Tirant parti de ses vastes ressources énergétiques, de sa position géostratégique critique au carrefour des corridors de transport est-ouest et sud-nord, et du développement constant de son économie non pétrolière, l’Azerbaïdjan renforce de plus en plus son autosuffisance. Le pays se considère désormais comme une puissance moyenne émergente, capable de préserver ses intérêts et sa sécurité.
Cependant, une analyse des attitudes des États-Unis, de l’Union européenne (UE) et de certains États membres de l’UE suggère que des perceptions erronées sur l’Azerbaïdjan persistent non seulement parmi les experts et les journalistes, mais aussi parmi les dirigeants politiques et les gouvernements. Ces acteurs considèrent souvent l’Azerbaïdjan comme un petit pays souple qui peut être facilement contraint à agir contre sa volonté ( …)
L’administration Biden a aggravé ce faux pas en réimposant le fameux amendement de la section 907, en s’opposant à l’initiative de coopération régionale 3+3 dans le Caucase du Sud et en s’aliénant l’Azerbaïdjan par sa rhétorique déséquilibrée. Collectivement, ces actions représentent l’un des échecs les plus importants de l’administration en matière de politique étrangère. En juillet 2024, le président Aliyev a ouvertement critiqué ces attitudes occidentales, en particulier celles des États-Unis, les accusant de formuler des « exigences irréalistes » à l’égard de l’Azerbaïdjan.
Les relations de l’Azerbaïdjan avec la Russie font l’objet d’une perception erronée persistante de la politique étrangère de l’Azerbaïdjan. Certains Occidentaux pensent que l’Azerbaïdjan s’est aligné sur la Russie contre l’Occident, en particulier après que le président Ilham Aliyev a signé une déclaration sur les interactions entre alliés et le président Vladimir Poutine en février 2022, quelques jours seulement avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Toutefois, l’évolution de la politique étrangère de l’Azerbaïdjan au cours des trois dernières années contredit fortement ce discours. Bakou a démontré son engagement à maintenir des relations équilibrées et amicales avec toutes les grandes puissances. La signature d’un accord de partenariat stratégique avec la Chine en juillet 2024, ainsi que l’extension de tels accords avec les États membres de l’UE à un total de dix – le plus récent avec la Slovaquie en mai 2024 – soulignent l’approche indépendante et pragmatique de l’Azerbaïdjan en matière de politique étrangère. L’Azerbaïdjan est également devenu un fournisseur d’énergie alternatif essentiel pour les pays d’Europe de l’Est, les aidant à réduire leur dépendance à l’égard de la Russie.
L’Azerbaïdjan n’a pas l’intention de devenir un partenaire subordonné à une grande puissance. Au contraire, Bakou insiste sur des partenariats fondés sur l’égalité et le respect mutuel, renforçant ainsi son statut d’acteur souverain et autonome sur la scène mondiale. Toutefois, cette position indépendante se heurte souvent aux attentes des puissances occidentales. Les États-Unis et l’Union européenne se sont comportés comme s’ils avaient le pouvoir de dicter des ajustements aux relations de l’Azerbaïdjan avec d’autres pays.
Ce comportement excessif s’étend aux tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Azerbaïdjan. Le nombre de résolutions adoptées par le Parlement européen critiquant la gouvernance interne de l’Azerbaïdjan est devenu presque impossible à suivre. Le Parlement européen est même allé jusqu’à demander à la Commission européenne de mettre fin aux importations d’énergie en provenance d’Azerbaïdjan. Des critiques similaires ont été formulées par les États-Unis, sur un ton de condescendance, comme si l’UE et les États-Unis possédaient le droit moral de faire la leçon aux autres en matière de gouvernance démocratique.
Cette approche disproportionnée et condescendante a conduit les relations de l’Azerbaïdjan avec les États occidentaux à leur point le plus bas de l’ère post-soviétique. Si certains reconnaissent l’importance stratégique de l’Azerbaïdjan et son rôle crucial dans la sécurité énergétique de l’Europe, d’autres s’accrochent à des perceptions dépassées du pays, considéré comme un acteur mineur dans les affaires mondiales, susceptible d’être influencé de l’extérieur. De tels points de vue ne permettent pas de saisir le changement fondamental de la trajectoire de la politique étrangère de l’Azerbaïdjan.
Loin de s’aligner sur la Russie en tant que partenaire junior, l’Azerbaïdjan a adopté une approche équilibrée et pragmatique des relations extérieures. En forgeant des relations d’alliance avec la Turquie, membre de l’OTAN, des partenariats stratégiques avec la Chine et en approfondissant ses liens avec les États membres de l’Union européenne, Bakou a démontré un engagement clair à maintenir son indépendance et à cultiver des alliances diversifiées. Cette position indépendante renforce non seulement la position de l’Azerbaïdjan dans le monde, mais souligne également sa détermination à rejeter toute pression ou ingérence indue dans sa politique intérieure ou étrangère.
Pour l’Occident, en particulier les États-Unis et l’Union européenne, cela devrait être l’occasion d’une introspection. Au lieu de traiter l’Azerbaïdjan comme un partenaire malléable, les puissances occidentales doivent reconnaître et respecter sa souveraineté, son importance stratégique et ses intérêts légitimes. L’établissement d’une relation constructive et mutuellement respectueuse avec l’Azerbaïdjan permettrait non seulement de faire progresser les objectifs communs, tels que la stabilité régionale et la sécurité énergétique, mais aussi de favoriser une confiance et une coopération accrues.
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