THEATRE Rubrique

Boris Khalvadjian : un avocat qui fait Désordres sur scène


La pièce était prête au printemps dernier, mais le confinement est venu semer le désordre dans cette pièce qui n’en manque pas. Contraints de reporter Désordres programmé au Théâtre de la Manufacture des Abbesses de Paris, les deux comédiens se sont retrouvés avec joie et angoisse sur scène en cette rentrée théâtrale. « Je crois qu’on est encore plus sincères aujourd’hui, car ces quelques mois nous ont permis de digérer beaucoup de choses », pense Boris Khalvadjian.

Il faut dire que le texte est aussi finement ciselé que dur, dans une structure narrative parfois déroutante. Si quelques rares didascalies nous projettent sur la scène théâtrale, le tourbillon des mots nous emporte, comme un immense drame qui se prépare... On est plongé dans l’intimité désarmante d’un couple de quarantenaires, qui vont tour à tour livrer leurs questionnements, leurs pensées les plus inavouables aux rythmes de leurs scènes favorites, tantôt âpres, tantôt cruelles, qu’ils nous donnent à retraverser à travers eux.

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Ce texte est particulièrement touchant pour les femmes, car il permet de questionner le positionnement de l’homme face à la maternité. Alors que le mâle est souvent mis de côté lors d’une grossesse, alors que lui-même ne comprend pas forcément tous les états d’âme de la future mère, est-ce que finalement l’arrivée d’un enfant peut cimenter un couple ? Car oui, ce couple interprété par Oriane Blin et Boris Khalvadjian s’aime, à n’en pas douter, mais est-ce suffisant pour faire le bonheur de l’autre ? Ne faut-il pas mieux d’abord s’aimer pour pouvoir construire quelque chose avec l’autre ? Au-delà de l’histoire de maternité, on voit là une histoire de couple, dans lequel chacun peut s’identifier.

« Quand j’ai lu la pièce pour la première fois, j’ai pensé que c’était une grosse pierre brute, un vrai tout indivisible », se rappelle Boris Khalvadjian, qui a dû puiser dans son passé, son désir de vérité, pour camper ce Thomas qui semble face aux spectateurs ne pas prendre le temps de s’aimer pour ce qu’il est. Et la pression était d’autant plus forte pour celui qui est avocat spécialisé en propriété intellectuelle par ailleurs car il s’agit là de sa première expérience totalement professionnelle sur les planches. D’autant que la mise en scène épurée fait reposer la dynamique de Désordres sur le jeu des comédiens. « Il faut donc savoir remplir le vide..., glisse Boris Khalvadjian, passionné de théâtre. C’était un formidable cadeau de la part du metteur en scène Swan Demarsan car cela m’a permis d’évoluer pour être à la hauteur de cette confiance ».

Texte : Claire Barbuti / Photos : Caroline Bottaro

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Désordres, de Yamina Hadjaoui, mise en scène Swan Demarsan, avec Oriane Blin et Boris Khalvadjian, costumes de Chouchane Tcherpachian
Jusqu’au 11 octobre
Au Théâtre de la Manufacture des Abbesses - 7 rue Véron - 75018 Paris

par Claire le mardi 15 septembre 2020
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