CINEMA Rubrique

Mai 1968 comme si vous y étiez, grâce à J. Kebadian et M. Andrieu


Dans le documentaire Les Révoltés, Jacques Kebadian et Michel Andrieu nous replongent en mai 1968 grâce à des images, sons et commentaires d’archives. En salles le 9 janvier.

« En mai, fais ce qu’il te plaît »… Telle devait être la devise des étudiants de mai 1968 qui firent voler à tous vents les pavés et les étendards du pouvoir gaulliste. Parmi les témoins de cette époque mouvementée, le cinéaste Jacques Kebadian (à l’initiative du groupe ARC 68, qui fut à l’origine de toute une série de films à caractères politique et révolutionnaire), devenu depuis une figure militante de la classe ouvrière et des exilés. Cinquante ans après ces événements, cet éternel révolutionnaire revient sur les traces de son passé avec un nouveau documentaire sur le sujet, Les Révoltés, élaboré à quatre mains avec Michel Andrieu. Un document exceptionnel car il est rare que des cinéastes puissent retravailler, 50 ans après, des images qu’ils ont eux-mêmes filmées dans le feu de l’action. « Notre idée était de composer un récit sans d’autres mots que ceux que nous avions choisis dans les extraits de nos films de Mai 1968 : sept films dont certains sont sortis en salle en 1978 sous le titre Mai 1968 par lui-même  », expliquent les réalisateurs. Plans courts, phrases jetées, parole laissée aux manifestants : il fallait faire rapide, clair et vif.

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Ouvriers, étudiants et jeunes s’opposent, en mai 1968, à la morale et au pouvoir en place. Les facultés et les usines sont occupées. Les barricades sont dressées. Les pavés sont lancés. La parole cède la place aux actes. C’est l’affrontement. Ces images nous plongent au cœur des événements et témoignent des hommes et des femmes qui, indignés jusque-là, marchent vers leur révolution. Ce mai 1968 résonne comme un écho au « mai 2018 arménien », tel que Jacques Kebadian l’évoque face à nos confrères de Symanews : «  J’en parle pour l’avoir vécu sur place avec mes enfants entre le 15 et le 24 avril 2018. Les fantômes se sont aussi réveillés dans les rues d’Erevan. En apprenant la démission du Poutine arménien, nous avons tous dansé !  ». Ajoutant : « Mai 1968 était le mois de la parole, de l’égalité pour prendre les décisions, de la démocratie directe dans les comités. C’était une échappée, une vibration de vie, une jubilation, une rupture, la beauté du refus, la joie de partager, un souci de l’autre et de chacun. Un peuple qui s’est dressé, comme aujourd’hui en Arménie, pour dire non et avoir enfin prise sur l’histoire  ». Car plonger dans ces événements de 1968, c’est aussi mieux comprendre les défis et les enjeux d’aujourd’hui : 50 ans après, un tel film documentant les mouvements étudiants est toujours criant d’actualité. Ou comment poser une stèle qui échapperait à tout commentaire pour que le spectateur s’y retrouve et rêve à ce monde disparu qui n’est pas si loin du nôtre.

Claire Barbuti

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Les Révoltés de Jacques Kebadian et Michel Andrieu
En salles le 9 janvier

par Claire le lundi 7 janvier 2019
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