Pascal Chamassian Rubrique

Saison turque : redoubler de vigilance


Le bateau turc venant de Phocée a fini par arriver dans le Vieux-Port de Marseille. Certes avec du retard, mais il est là et bien là, dans le cadre du lancement de la saison de la Turquie en France. La mobilisation des communautés arménienne, grecque et chypriote de Marseille, si elle a permis de minimiser la dimension protocolaire, de cet évènement, n’a pas empêchée l’État Turc d’atteindre son objectif : Falsifier l’histoire, s’approprier un symbole, celui de Phocée, continuer dans son entreprise négationniste vis-à -vis du génocide des arméniens, et ce sous couvert d’une pseudo reconstitution historique et scientifique de la légende de Protis.

L’État français et les autorités auront beau jeu de nous dire, que ce n’est pas le premier magistrat de la ville qui a reçu le bateau en personne, que ce bateau de la honte et du mensonge n’a pas accosté au quai d’Honneur, que la cérémonie n’a pas eu le retentissement souhaité par le commissaire de la saison de la Turquie en France....

C’est exact. Mais tout ceci nous le devons au travail effectué par nos 3 communautés, depuis 6 mois, avec la distribution de tracts pédagogiques à la population marseillaise, l’intervention auprès des autorités politiques locales, ou bien encore une communication active dans la presse locale et nationale.

Malgré la volonté pacifiste et constructive de cette mobilisation, celle-ci a été vécue par les autorités locales comme une polémique. On nous a renvoyé à nos chères études, arguant que nous étions des ultras, qu’il fallait faire preuve d’hospitalité et d’ouverture, qu’il ne s’agissait là que d’une entreprise culturelle, en cherchant sans cesse à minimiser la portée de l’évènement.

Cependant, nos craintes étaient bien légitimes, car malgré les engagements qui avaient été pris par les autorités de la Ville de Marseille, de rappeler dans la cérémonie officielle d’accueil en présence des autorités turques, la réalité du Génocide des Arméniens, cette promesse n’a pas été tenue.

Et il a fallu que l’adjoint à la culture représentant le sénateur maire de la Ville de Marseille, s’y reprenne à 2 fois pour qualifier le Génocide des Arméniens de « Tragédie génocidaire ». Quel recul !! 8 ans après le vote par la France de la loi reconnaissant publiquement le Génocide Arménien de 1915 (29 janvier 2001), loi fièrement portée par le premier magistrat de Marseille, l’adjoint à la culture de la 2e ville de France ne parvient plus à prononcer le mot Génocide.

Fut-ce-t-il en présence et sous la pression du consul de Turquie à Marseille, cet acte démontre malheureusement que nous avions raison d’être inquiets. Que la Turquie continue de tisser sa toile, développe ses thèses négationnistes, intimide, sous couvert d’opérations de séduction soit disant culturelles. Une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que le vote au Sénat de la loi pénalisant la négation du génocide des arméniens votée le 12 octobre 2006 à l’assemblée nationale, est désormais impérieux. Preuve supplémentaire enfin qu’il faudra redoubler de vigilance pendant cette saison de la Turquie en France qui ne fait que commencer. Et qui sera comme on le présentait, le théâtre de scènes insupportables, comme nous venons de les vivre à Marseille, ville symbole de l’hospitalité et du brassage des cultures. L’exemple marseillais de la mobilisation citoyenne, arméno-grecque-chypriote doit s’intensifier et s’élargir sur tout le territoire français.

par le mardi 4 août 2009
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