Jacques Périgaud Rubrique

Indicateurs funestes


N’auriez-vous point constaté depuis plusieurs semaines le réveil des réseaux négationnistes avec cette fois-ci une particularité, celle d’articles pro-Turquie paraissant dans la presse et faisant passer les réfractaires à Ankara comme des moins que rien, des minus, et de bien malhonnêtes gens ? Voici le dernier angle d’attaque d’Ankara, ce qui ne manquera pas de la rendre encore plus sympathique à nos yeux, du moins est-ce là ce qu’en pensent les idéologues du turquisme.

Le réveil des réseaux négationnistes peut être vu comme un indicateur de l’inquiétude d’Ankara tant vis-à-vis de la reconnaissance universelle de son européanité imaginaire que de ses problèmes caucasiens. Sur ces fronts, rien n’avance, du moins en apparence.
Face à cette inertie de surface, le quidam vulgaire parcourt le reste de l’actualité et y apprend qu’en Turquie, pays laïc, démocratique, et tout et tout, on y troque encore aujourd’hui des fillettes de 12 ans contre quatre vaches, qu’on y enterre des jeunes femmes vivantes, qu’on leur mutile le visage au nom de je ne sais quel honneur, comme s’il était honorable d’agir ainsi. Curieux pays que celui-là qui ne manque jamais une occasion de nous reprocher d’être chrétiens.

D’aucuns rétorqueront que ce sont là des pratiques de Kurdes et non de Turcs. Peut-être, mais dans un pays où l’éducation étatique est si forte, tolérer jusqu’à présent de telles coutumes pose la question de savoir si les Turcs ne partageraient pas une inclination à agit de même dans certains milieux ? Pour l’instant, c’est un problème turc, souhaitons que cela ne devienne un jour un problème européen.

Côté Caucase, ce n’est pas brillant. La Turquie en grande finaude s’est bien savonné la planche avec l’aide zélé de son alter ego azéri. La voilà donc coincée, du moins en apparence, entre une Arménie rebelle, et une Bakou plus revancharde que jamais agitant à qui veut le voir le chiffon rouge d’une guerre à venir. Cette situation ressemble à un château de cartes branlant et dont tout le monde attend la chute fatale. D’où viendra le souffle qui flanquera au sol cet équilibre instable ? Nul ne le sait, mais il y a urgence à sortir au plus vite de cette situation. En effet, la situation au nord Caucase n’est pas brillante et une étincelle ici pourrait bien embraser l’ensemble y compris l’Azerbaïdjan. Les Russes qui commencent à changer de discours, mais pas forcément de méthode, voient arriver l’échéance d e Sorchi avec une certaine inquiétude. Pour eux aussi le temps presse. Il ne faudrait pas au moment des Jeux olympiques d’hiver qu’il vienne à l’idée de certains de retenter ce que les Russes ont fait lors des derniers Jeux olympiques de Pékin : passer à l’attaque tant en Géorgie qu’en Azerbaïdjan, Ingouchie, Tchétchénie et Daguestan réuni. Un beau bazar en perspective dont la probabilité reste pour l’instant minime, mais la possibilité énorme.

Jacques Périgaud

par le samedi 6 février 2010
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