Michael Papazian Rubrique

CCAF : les enjeux d’une nouvelle structure. Le rôle des associations.


Pourquoi le CCAF s’est-il depuis deux ans, lancé dans l’étude d’un nouveau système pour désigner ses représentants et qu’apporte ce nouveau projet ?
Les grosses organisations appuyées par un large groupe représentatif des divers tendances au sein du CCAF ont décidé que face aux nouvelles données géopolitiques, à la globalisation, aux moyens à mettre en œuvre pour soutenir l’Arménie, et à l’évolution de la société française, nous devions apporter une réponse appropriée aux ambitions des citoyens que nous sommes. Dans un monde transversal, où la Turquie se renforce au niveau régional comme international jusqu’à imposer son négationnisme au cœur de l’Europe, il semblait évident aux cercles politiques de notre diaspora de renforcer ses structures pour affronter ces enjeux et envisager l’avenir de façon pérenne.

Il est également à noté que de l’intérieur le CCAF, s’il a eu en son temps le mérite de créer un consensus indispensable aux succès passés, est aujourd’hui une sorte de coquille vide qui n’a plus la capacité à inspirer des orientations politiques nouvelles. C’est aussi pour sortir de ce schéma d’immobilisme et pour redonner entre autre à notre jeunesse l’espoir d’une politique d’avenir assumée, que les concepteurs ont élaborés ce projet.
Basé sur la légitimité d’un vote par un collège électorale constitué de franco-arméniens, la nouvelle structure envisagée se fonde sur les concepts démocratiques de la république française. Projet ambitieux s’il en est, qui suscite peurs et questions légitimes.
Qui va voter ? Le nombre d’électeur ? Les dissensions ? Quels moyens ? Quel résultat ?
Et aussi certaines remarques sur le sigle peu ragoûtant de CFA (Conseil Franco Arménien) choisi par les rédacteurs.
Face à toutes ces réflexions, le CN (Conseil National) du CCAF à durant deux années participé à une vrai mise en perspective de toutes les propositions émanant de ces 18 membres. Le projet a intégré nombre d’amendement et suite à de multiples ratures donné vie à un ensemble cohérent et courageux, qui reste à améliorer à la lumière des faits, mais qui donnera s’il est mené intelligemment, une vrai dynamique politique à notre diaspora.

Qu’elle est cette intelligence qui pourrait nous mener vers une dynamique communautaire ?

Nous devons nous intéresser aux associations des trois CCAF, Paris, Lyon, Marseille, qui ont en main le dossier soumis à leurs amendements, et qui devront entériner le projet sous quelques mois. Cette étape primordiale est aussi celle qui donnera à notre futur commun sa cohérence démocratique. Si toutes les associations n’ont pas une vision politique de notre avenir, elles sont néanmoins les acteurs qui font de notre communauté un espace vivant, et à ce titre ont toute légitimité à siéger aux instances décisionnaires. La règle qui prévaut aujourd’hui, une association = une voix, sera soumise dans le nouveau principe, au vote démocratique d’un collège d’électeur. Inutile de préciser que cette équation électorale privilégiera à priori les grosses associations au détriment des petites. A priori seulement, car le jeu démocratique reste ouvert à tous, avec un seuil d’éligibilité très bas de 3% des suffrages exprimés. Si l’on prend comme exemple un total de 4000 votes sur la région centre, 120 suffrages pourraient élire un délégué au Conseil.
La dynamique s’activera lorsque chaque association si petite soit-elle aura sans complexe, pris part à la bataille démocratique, avec sa spécificité, ses ambitions, son projet local. Nous ne pourrons prétendre à la légitimité sans l’engouement de toutes les associations et sans leur inscription au sein du jeu démocratique sur les listes de candidats. La diversité et la multiplicité des projets de liste engendrera alors une émulation positive, seule barrière édifiante aux hypothétiques dérives. Il sera ainsi possible d’envisager une participation proportionnelle des petites associations au sein des instances régionales et nationales et ainsi donner à ce projet sa cohérence. Avec en prime la faculté de créer un contre-pouvoir nécessaire sinon salutaire.
De toute évidence, les grandes associations devront sans conteste entrer dans la danse démocratique pour en garantir le processus. Seul un engagement clair et fort de leur part débouchera sur une structure viable.

La deuxième phase indissociable est bien évidement la participation des électeurs potentiels qui formeront le collège électorale. Sans eux, point de légitimité et point de salut possible. Les premiers à s’inscrire devraient être les membres des associations qui eux mêmes iront à la recherche des électeurs. Il est souhaitable que tous les français d’origine arménienne où qu’ils se trouvent sur le territoire aient accès à l’information et la possibilité de se déterminer comme électeur. C’est la force de ce projet, qui ouvre la porte à tous ceux qui restés en dehors des associations apporteront par leur vote et peut-être leur candidature, un élan supplémentaire à la communauté. Les rédacteurs ont ainsi proposés une période initiale d’un an environ pour constituer le collège électorale. C’est à dire trouver, informer, expliquer, convaincre et inscrire le plus grand nombre d’électeurs. Cette étape incontournable et essentielle sera un test en grandeur réel de notre capacité à dépasser notre présent pour créer une vision ouverte vers notre avenir commun.

Sommes-nous mûrs pour franchir ses étapes ? Le CN du CCAF à répondu positivement en proposant aux associations un texte qu’elles ont à nouveau la possibilité d’amender. Gageons qu’elles feront le pari de l’avenir.

Michaël Papazian
Délégué G2IA au Conseil National du CCAF

par le vendredi 6 mai 2011
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