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Les années horribles de l’Arménie se terminent peut-être avec 2024.
Rappelons-nous : 2018 voit l’arrivée au pouvoir de Nikol Pachinian après une marche colorée sur Erevan, soutenu par une population qui n’avait d’autre choix que de s’exiler ou subir des aparachiks corrompus empêchant le développement économique et la liberté d’entreprendre. En effet, en échange du parapluie sécuritaire, Moscou contrôlait tout, jusqu’aux passeports à l’aéroport d’Erevan !
Ayant déjà fort à faire sur son flanc ouest depuis 2014, et le coup d’état de Maïdan, avec Big Brother à la manœuvre, Poutine se souciait peu de sauver une Arménie « rebelle » . D’autant moins qu’il voyait les USA et le Royaume Uni souffler sur les braises et inciter l’Azerbaïdjan à prendre sa revanche sur des séparatistes arméniens– appellation médiatique française pour qualifier l’attitude du peuple depuis 3 000 ans sur ses terres du Karabagh et refusant le découpage administratif pervers de Staline en 1921, au nom bien sûr de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.20 ans plus tôt, l’Occident, sans mandat de l’ONU, a dépecé sans vergogne la Yougoslavie, état aux frontières internationalement reconnues. Les règles sont bonnes quad elles arrangent l’Occident, sinon on les oublie.
Il fallait réduire les Serbes ( slaves et amis des Russes) à portion congrue, lui arrachant le Kossovo et le Monténégro en bombardant Belgrade prndant des semaines !
Pour l’équipage extrémiste anglo-saxon anti-russe , l’affaire du Karabagh était une épine de plus à planter dans le pied de Moscou.
Contain & restrain.
Ayant convaincu Erdogan de l »’opportunité » de soutenir par tous les moyens le petit frère Azéri, Richard Moore, chef du MI6- et turcophone de surcroît- se trouvait à Ankara quelques jours avant l’attaque azérie d’octobre 2020, pour aider aux derniers préparatifs et surtout assurer la Turquie que la Russie n’interviendrait pas aux côtés des Arméniens. On connaît la suite….
Tragique pour les Arméniens, la perte du Karabagh et les menaces incessantes d’Aliyev de poursuivre la tâche d’anéantissement en Arménie elle-même, ont vu en Occident couler les habituelles larmes de crocodile compassionnelles des uns, quand les autres se muraient dans un silence assourdissant, Les USA ont profité de l’aubaine pour installer la plus grande « ambassade » de toute la région, avec pas moins de 2 000 agents …..pour s’occuper sans doute des visas d’un pays de 3 millions d’habitants…..et surtout idéalement placée pour surveiller à la fois la Russie et l’Iran.
La France s’est engagée dans un soutien militaire pour répliquer à l’attitude d’Aliev en Nouvelle-Calédonie par un contrat comportant 36 !!! canons Caesar. Naturellement, s’ils arrivent un jour en totalité, ils seront un atout inestimable pour la défense de l’Arménie. Encore faudrait-il avoir les obus nécessaires pour soutenir une guerre de haute intensité…..Or l’exemple ukrainien n’est pas fait pour rassurer……
Mais pour l’Arménie, le salut est ailleurs , car, comme disait le très cynique Henry Kissinger « ëtre l’ennemi des USA peut être dangereux, être leur ami peut-être mortel. » Les Kurdes feraient bien de méditer ces propos. La formule peut s’appliquer aux anglo-français et à leurs agissements en Arménie turque en 1918-1920……
Poutine commence toujours ses entretiens avec les chefs d’état par le niveau des échanges économiques bilatéraux….Ceux entre l’Arménie et la Russie se sont développés malgré les désaccords.
Ils pourront se développer bien plus encore grâce au CORRIDOR de TRANSPORT NORD-SUD qui permettra aussi à l’Arménie d’échapper à
la tenaille mortifère est-ouest turco-azérie.
De quoi s’agit-il ?
D’une combinaison miraculeuse de préoccupations stratégiques et d’intérêts économiques.
Les acteurs ? L’Inde, l’Iran, l’Arménie et la Géorgie.
Le point de départ de ce corridor est l’Inde. Son fantastique essor économique est gêné par le coût et le temps de transport de ses exportations vers l’Occident, obérés par le transit via le canal de Suez. L’alternative consiste à utiliser le port iranien de Chabahar comme plaque tournante et plate-forme de transbordement, bénéficiant d’une zone franche. Chabahar est aussi le terminus de la ligne de chemin de fer Chine -Afghanistan-Iran ; Ainsi, les conteneurs indiens arrivés par bateaux y sont transbordés sur camions jusqu’au port géorgien de Poti sur la mer noire en passant par l’Arménie. Un dernier transbordement dessert l’Europe via le Bosphore.
La même route comporte une fourche pour desservir la Russie via le col de Lars.
Les préoccupations stratégiques sont bien sûr omniprésentes et provoquent une lutte d’influence aussi permanente qu’invisible.
L’Inde favorise le transit via l’Arménie – elle est d’ailleurs son premier fournisseur de matériel militaire- car elle redoute l’alliance Turquie-Azerbaïdjan-Pakistan. Le même Pakistan qui héberge des groupes islamistes commettant régulièrement des attentats en Inde, qui envoya des combattants contre les Arméniens en 2020, et par ailleurs en conflit frontalier avec l’Iran.
L’inconnue reste la Russie. Son alliance stratégique avec l’Iran est évidente, elle ménage la Turquie dont les intérêts en Afrique et en Syrie sont divergents des siens mais dont l’attitude de trublion dans l’Otan lui convient bien. Cependant, l’affaire de l’avion d’Azerbaïdjan Airlines abattu en territoire russe et les accusations portées par Aliyev ont certainement mécontenté Poutine. Il est parfois des incidents mineurs qui changent le cours de l’histoire. Rappelons-nous la dépêche d’Ems en 1870 et l’assassinat de l’archiduc Ferdinand en 1914.
L’Arménie a bien compris qu’elle pouvait tirer son épingle du jeu. Elle a déjà créé des entrepôts dans la zone franche de Chabahar, elle s’adosse stratégiquement à l’Inde. Et l’Iran tient plus que tout à cette « respiration arménienne » stratégique vers la Mer Noire, la Méditerranée et la Russie.
Les liens économiques ainsi créés vers l’Europe et vers la Russie permettront l’essor de la Géorgie et de l’Arménie, et établiront un partenariat puissant et indispensable avec l’immense Russie.
Carpentras le 02/01/2025
Michel Abrahamian
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