« Les cloches de votre église ne nous dérangent pas » affirme le nouveau gouvernement syrien qui a fait des promesses à la communauté arménienne

La vie en Syrie revient lentement à la normale. Le chef du gouvernement intérimaire a évoqué les prochaines élections et les changements constitutionnels dans le pays. Cela prend 3 à 4 ans, a souligné Ahmed al-Sharaan. Avant les changements radicaux, le dirigeant syrien a promis à plusieurs reprises à la communauté chrétienne la sécurité et la sécurité dans le pays. Dans la conversation avec « Radiolur » les membres de la communauté arménienne affirment que pour l’instant la communauté n’a besoin de rien, que l’avenir est incertain, mais aussi plein d’optimisme.

« Les cloches de votre église ne nous dérangent pas » a rapporté le maire de Kessab, Vazgen Tchaparian, les propos et promesses tenues par les membres du nouveau gouvernement intérimaire syrien. Selon le responsable arménien, les membres du nouveau gouvernement syrien affirment que le plus important est que les chrétiens du pays et donc la population arménienne soient en sécurité et puissent préserver leurs traditions. La communauté chrétienne a déjà reçu ces assurances du nouveau gouvernement syrien.

« Jusqu’à présent, aucun problème n’est survenu, ils sont venus le premier jour et ont dit que les cloches de votre église ne nous dérangent pas, ils ne nous obligent pas à porter des vêtements religieux, ils n’ont même pas vérifié dans les magasins s’ils vendaient de l’alcool interdit ou non. Je suis sûr que s’ils tiennent leurs promesses, nous aurons un très bon pays, mais nous devrons être patients, nous devrons attendre, car nous avons encore besoin de temps pour faire beaucoup de choses », déclare Vasgen Tchaparian le maire de Kessab à forte communauté arménienne, située au nord de la Syrie à la frontière avec la Turquie.

Depuis le 8 décembre, après le changement effectif de pouvoir en Syrie, la situation socio-économique du pays s’est plus ou moins stabilisée, a déclaré à « Radiolur » le maire de Kessab. Il n’y a plus de problème de carburant, les gens ont lentement repris leur routine quotidienne. Il n’y a plus de postes de contrôle sur le territoire du pays, seuls des contrôles sont parfois effectués pour détecter les armes.

« L’électricité fonctionne encore un peu mal, l’eau est aussi liée à l’électricité, les fours fonctionnent normalement, nous avons du pain chaud tous les jours. Presque personne n’a quitté Kessab, tout le monde est là, nous sommes en sécurité maintenant » dit le maire de Kessab.

Dans les églises arméniennes de Syrie, toutes les cérémonies et liturgies se déroulent selon l’heure et l’ordre, a déclaré à « Radiolur » Mgr Armash Nalbandian, chef du diocèse arménien de Damas. Les écoles ont également fonctionné dans le pays ces derniers jours, c’est l’un des facteurs qui donnent de l’optimisme à la population.

« Après ces événements, le 15 du mois, nous avons eu notre première liturgie et, en l’honneur de notre peuple, je dois dire que dans toutes les villes et à Damas, beaucoup de gens se rassemblent pour les liturgies, car bien sûr la situation donne paix et tranquillité au peuple, mais ce peuple a aussi besoin de prière et de Dieu, et tout cela ensemble amène ce peuple à nos saintes liturgies.

Il y a quelques jours, le 25 décembre, les chrétiens syriens ont célébré Noël. Pour la première fois après le renversement de l’ancien président Bachar al-Assad, l’une des minorités religieuses du pays, la communauté chrétienne, a organisé une célébration.

Presque les mêmes sentiments sont exprimés dans toutes les villes arméniennes de Syrie ». Mgr Armash Nalbandian, chef du diocèse de l’église apostolique arménienne de Damas, a déclaré à « Radiolur » qu’au début, les opérations militaires ont contraint certaines familles arméniennes à partir, notamment d’Alep, mais qu’après la relative stabilisation de la situation, la plupart des familles sont retournées dans leurs maisons.

« Ce que je dis à propos de Damas s’applique également aux régions d’Alep, Lattaquié et Kessab, où se trouve une population arménienne. L’important est que pour l’instant tout soit sûr et qu’il n’y ait ni peur ni danger, et nous espérons que cette période de transition se déroulera paisiblement et que tout ira bien », déclare Mgr Armash Nalbandian.

Selon le responsable du diocèse arménien de Damas, la situation est plus floue dans le nord-est du pays, dans les régions de Derzor. En général, la situation socio-économique est tendue et anxieuse, dit Nalbandian.

« Vous savez, il y a des groupes kurdes là-bas, et les responsables de ce nouveau gouvernement sont en négociations avec eux et font tout pour parvenir à un accord, le temps nous le dira. En général, bien sûr, nous sommes en contact avec les préfets d’Alep et de Qamishli et, peut-être, nous n’avons aucune information inquiétante et dangereuse, espérons qu’ils sont également en paix et dans de bonnes conditions » dit Mgr Armash Nalbandian.

Il faudra environ un an pour que les Syriens voient des changements radicaux et significatifs dans le pays, a déclaré hier à Al Arabiya Ahmed al-Sharaa, le leader de la période de transition en Syrie. Il faudra peut-être jusqu’à quatre ans pour organiser de nouvelles élections en Syrie et jusqu’à trois ans pour rédiger une nouvelle constitution. En attendant, les Syriens et les Arméniens de Syrie se préparent pour le réveillon du Nouvel An. Le maire arménien de Kessab présente ses vœux pour la nouvelle année. « J’espère qu’ils tiendront leurs promesses et construiront un pays meilleur » dit-il.

Krikor Amirzayan