Votre panier est actuellement vide !
L’Arménie n’envisage pas de quitter l’Union économique eurasiatique (UEE), assure le ministre arménien de l’économie
L’Arménie a fini sur une fausse note la présidence tournante de l’Union économique eurasiatique (UEE) qu’elle avait exercée en 2024, puisque son premier ministre Nikol Pachinian, non content de ne pas accueillir à Erevan, fin décembre, le dernier sommet, sous sa présidence, des dirigeants des pays membres de cette organisation économique et commerciale dirigée par la Russie, pour ne pas se mettre en porte à faux avec les engagements contractés par l’Arménie officiellement membre depuis un an de la Cour pénale internationale qui a émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, avait invoqué un énigmatique Covid pour ne pas se rendre à Saint Pétersbourg, où s’était tenu ce sommet. Alors que la Biélorussie assume depuis le 1er janvier la présidence tournante annuelle de l’UEE, Pachinian, qui entretient des relations exécrables avec l’autocrate biélorusse Alexandre Loukachenko, à qui il a fait savoir qu’il boycotterait toutes les rencontres prévues cette année en territoire biélorusse, a commencé l’année par un nouveau défi lancé à l’organisation fondée par Poutine en annonçant le 8 janvier, soit au dixième anniversaire de l’entrée officielle de l’Arménie dans l’UEE, qu’il entendait donner corps aux projets arméniens d’une adhésion à l’Union européenne (UE), en s’attirant les foudres de Moscou, qui rappelait qu’elle serait incompatible avec l’appartenance de l’Arménie à l’Union dirigée par la Russie.
Cette annonce, pour l’heure purement symbolique, avait été tenue pour une nouvelle provocation des autorités arméniennes sur fond de tensions accrues avec la Russie, même si, à distance depuis Erevan, Pachinian s’était montré d’accord avec Poutine, lors du sommet de décembre, pour réitérer l’importance de la coopération arméno-russe de la Russie dans le cadre de l’UEE, seul lien encore solide unissant la Russie à son ancien allié arménien, dont la croissance économique est plus que jamais portée par ses liens avec ses partenaires eurasiatiques, à commencer par la Russie. Le gouvernement arménien avait approuvé jeudi dernier un projet d’amendement relatif au “lancement d’un processus d’accession de l’Arménie à l’Union européenne ” présenté par plusieurs groupes politiques et civiques prooccidentaux. Moscou n’avait pas tardé pour déplorer cette initiative, que le vice-premier ministre russe Alexei Overchuk avait présentée comme “le début du retrait de l’Arménie de l’UEE », en mettant en garde la République du Sud Caucase contre les risques de perte des avantages douaniers lui donnant accès au vaste marché russe auxquels elle s’exposerait si elle persistait sur cette voie, sans oublier le gaz naturel russe dont elle est étroitement tributaire et aussi les produits alimentaires de base qu’elle devrait payer au prix fort, faute de pouvoir bénéficier des tarifs préférentiels que lui accorde depuis des années la Russie. L’Arménie sait pertinemment qu’en l’état actuel de son économie, ses nouveaux partenaires occidentaux ne sauraient lui proposer une alternative censée palier le manque à gagner causé par un retrait de l’UEE, et que la question de l’entrée dans l’UE de l’Arménie, dont aucun parmi les 27 n’a à ce jour clairement évoqué la candidature, relève surtout du symbole, et ne peut être envisagée que sur le très long terme.
L’Arménie n’entend pas lâcher la proie russe pour l’ombre européenne, et les autorités arméniennes l’ont fait savoir par la voix du ministre arménien de l’économie Gevorg Papoyan qui a déclaré lors d’une conférence de presse lundi 13 janvier que “la question d’un retrait de l’UEE n’est pas à l’agenda du gouvernement arménien pour le moment”. Alors que le gouvernement arménien hésite encore à mettre à exécution les menaces maintes fois proférées par Pachinian d’un retrait de l’Arménie de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), cette alliance militaire dirigée par la Russie avec laquelle il a gelé toute coopération depuis un an, il se montre bien plus prudent encore pour ce qui concerne l’UEE, dont le retrait n’est pas à son ordre du jour. “En aucun cas nous n’avons l’intention de remplacer l’UEE par quoique ce soit d’autre”, a-t-il indiqué dans l’objectif manifeste de rassurer la Russie, en ajoutant néanmoins : “Nous souhaitons être indépendants, et l’indépendance c’est quand vous dépendez de tous, pas seulement d’une [entité] et que tous dépendent de vous dans une certaine mesure”. Overchuk avait souligné à cet égard que l’éventuelle accession de l’Arménie à l’UE était “incompatible” avec son maintien dans l’organisation commerciale dirigée par la Russie et composée de cinq ex-Républiques soviétiques. Un autre membre du gouvernement arménien, le ministre des finances Vahe Hovannisian, n’avait pour sa part pas exclu l’éventualité d’un retrait de ce bloc, en précisant toutefois qu’il ne saurait dire quand cela pourrait se produire. Hovannisian avait admis qu’un tel scenario serait “risqué”’ pour son pays. Selon les chiffres officiels du gouvernement arménien, la Russie contribuait pour plus de 41 % au commerce extérieur de l’Arménie en janvier-novembre 2024, une part énorme comparée aux 7,5 % que constitue l’UE dans ce total. En valeurs absolues, le commerce de l’Arménie avec les Etats membres de l’UE s’est réduit dans le même temps de 14 %, pour s’établir à 2,1 milliards de dollars. Le volume du commerce arméno-russe a connu une hausse spectaculaire depuis 2022, les entreprises arméniennes tirant avantage des sanctions imposées par l’Occident à la Russie après son invasion de l’Ukraine. La Russie est aussi le principal fournisseur de l’Arménie en gaz naturel et en combustible nucléaire. L’Arménie verse au géant gazier russe Gazprom 165 dollars par mètres cubes de gaz russe utilisé non seulement par les centrales thermiques et les foyers mais aussi par les automobilistes, dont la plupart conduisent des véhicules fonctionnant au gaz liquéfié. Les tariffs pratiqués pour le gaz dans l’UE sont actuellement trois fois plus élevés.