La présence d’observateurs de l’UE en Arménie est un élément important de l’architecture de sécurité estime le politologue Hrant Mikaelyan

La Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a proposé de prolonger de deux ans le déploiement de la mission civile de l’Union européenne en Arménie. Le bureau de presse de la représentante de l’UE a informé Radio Liberté de cette situation. Les experts considèrent cette information comme positive et notent que la présence d’observateurs de l’UE en Arménie est un facteur dissuasif et, si nécessaire, peut également être un outil entre les mains de l’UE contre Bakou.

La prolongation de deux ans du déploiement de la mission de surveillance de l’UE pourrait être un outil important entre les mains de l’UE et apporter une certaine sécurité à l’Arménie en termes de réfutation de la désinformation en provenance de Bakou, estime le politologue Hrant Mikaelyan dans une interview à la Radio publique d’Arménie.

« Oui, il est désormais nécessaire d’élargir, ou plutôt de réexaminer, et si une décision est prise à Bruxelles pour élargir ou prolonger cette mission, alors oui, peut-être que ce sera un outil entre les mains de l’UE pour montrer à Bakou que l’UE souhaite que Bakou signe un traité de paix, ce qu’Aliev a récemment déclaré ne pas avoir l’intention de faire. En outre, l’UE tente d’assurer sa présence dans cette région, en cette période où les approches de politique étrangère de l’Amérique et de l’UE commencent à diverger et à changer.

Le déploiement de la mission civile de l’UE en Arménie expire en février de cette année, et il reste peu de temps pour comprendre si les observateurs de l’UE resteront en Arménie ou non. Des informations circulent déjà selon lesquelles le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a proposé de prolonger de deux ans le déploiement de la mission civile de l’Union européenne en Arménie. Il est à noter que les États membres ont accueilli favorablement la proposition et discutent actuellement des actes juridiques nécessaires avec les organes compétents du Conseil de l’Union européenne. La décision du conseil sur la prolongation est attendue dans les prochains jours.

De son côté, Gayane Abrahamyan, ancien membre de la faction « Contrat civil » de l’Assemblée nationale, nous exhorte à rappeler la situation en Arménie avant le déploiement de la mission afin d’évaluer les activités de la mission de l’UE en Arménie.

« Au cours des deux dernières années, nous n’avons enregistré presque aucune attaque, en particulier contre l’Arménie, ou si elles ont été enregistrées, elles se sont produites dans des zones où les observateurs de l’UE n’avaient pas d’accès direct, en raison de la présence de personnel militaire russe et du blocus. De ce point de vue également, nous pouvons peut-être comprendre que l’efficacité a été assez élevée, car il s’agit d’un outil d’engagement politique et de pression politique » déclare Gayané Abrahamyan.

 

La présence de la mission d’observation de l’UE en Arménie empêche également Bakou de diffuser de fausses informations selon lesquelles l’Arménie aurait violé le cessez-le-feu. De telles rumeurs sont rapidement démenties par les protocoles de l’UE, ce qui, selon Gayane Abrahamyan, est très important, surtout lorsqu’il n’existe aucun mécanisme d’enquête.

Selon le politologue Hrant Mikaelyan, la présence d’observateurs de l’UE en Arménie est davantage considérée comme faisant partie de l’architecture de sécurité, compte tenu de la désinformation périodiquement entendue en provenance de Bakou selon laquelle la partie arménienne tire dans leur direction. Le rapport suivant de la mission date d’il y a quelques jours : les patrouilles de l’UE ont annoncé qu’elles n’avaient remarqué aucun mouvement inhabituel à la frontière arméno-azerbaïdjanaise. Il s’agissait en substance d’une réponse à la désinformation qui était sortie à plusieurs reprises de Bakou au début de l’année, selon laquelle il y avait eu des tirs du côté arménien.

« Si l’Union européenne doit adopter une politique basée sur les rapports de cette mission, qu’il s’agisse de sécurité, de politique étrangère ou économique par exemple, cette mission soumet de temps à autre des rapports à Bruxelles, et là, ces rapports sont examinés et servent de base, source principale d’information sur la situation dans la région ». Ainsi, sur la base de ces rapports, Bruxelles peut d’une part être informée de la situation et d’autre part, prendre des décisions. La question est maintenant de savoir quelles décisions seront prises. « S’il existe une volonté politique de faire avancer ce processus, et que la politique agressive de l’Azerbaïdjan est non seulement appréciée, mais également combattue, alors cela peut également être un facteur dissuasif ici » affirme Hrant Mikalyan.

Le fait est qu’après l’approbation des règlements de démarcation et de délimitation des frontières, l’Azerbaïdjan a annoncé qu’il n’avait plus besoin d’observateurs de l’UE, ce à quoi le Premier ministre arménien a fait une contre-proposition : ce règlement peut être appliqué aux zones déjà délimitées, car il n’y a objectivement aucun besoin d’observateurs.

La mission de surveillance de l’UE a été déployée en Arménie fin 2022, et si le Conseil de l’UE décide dans les prochains jours de prolonger le déploiement des observateurs de l’UE, ceux-ci resteront en Arménie pendant deux ans supplémentaires, jusqu’en 2027.

 

Krikor Amirzayan

 

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