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Directement mis en cause par le premier ministre arménien Nikol Pachinian, qui, dans un message posté sur Facebook, accusait en termes à peine voilés ses prédécesseurs à la tête de la République d’Arménie d’avoir utilisé à des fins politiques personnelles le processus international de négociations autour du Haut-Karabakh qui n’aurait eu vocation selon lui, qu’à préparer le retour du territoire arménien rebelle dans le giron de l’Azerbaïdjan, et ce dès 1994, soit alors même que l’Azerbaïdjan vaincu par les forces arméniennes signait un cessez-le-feu avec l’Arménie sous l’égide de la Russie et de la CEI, jetant les fondations d’un Karabakh indépendant sinon reconnu comme tel, les trois ex-présidents arménien ont riposté en accusant une nouvelle fois le dirigeant arménien de mentir dans le but d’esquiver toute responsabilité dans la perte du Karabakh.
Dans son message posté sur sa page Facebook, Pachinian affirmait que les plans de paix élaborés par les trois puissances médiatrices depuis 1994 avaient tous pour objectif le “retour du Nagorno-Karabakh au sein de l’Azerbaïdjan”. Il se reconnaissait un tort, un seul sans doute : sa “grande erreur” aurait été de ne pas le faire comprendre aux Arméniens après son accession au pouvoir en 2018, lui-même, reconnaissait-il dans le même temps, étant encore sous l’emprise d’un patriotisme dont le ‘modèle’, tel qu’il avait été exalté par ses prédécesseurs et suivi par les citoyens arméniens, serait obsolète, comme il l’a dit en de maintes occasions depuis la perte du Karabakh, et même avant, en opposant à ce patriotisme décrié une sorte de méthode coué à même de composer avec la situation dans laquelle se débat le pays.
Les bureaux des anciens présidents Levon Ter-Petrossian, Robert Kotcharian et Serge Sarkissian ont d’une seule voix, dénoncé les déclarations de Pachinian, l’accusant de continuer à procéder à des distorsions de l’histoire du processus de négociations arméno-azéries qui, pendant trois décennies, ont été placées sous la médiation des coprésidents américain, russe et français du Groupe de Minsk de l’OSCE. “Il utilise toutes les occasions, toutes les allocutions, pour chercher à s’absoudre de la faute de la destruction de l’Artsakh”, a ainsi déclaré Levon Zurabian, le vice-président du parti du Congrès national du premier président arménien Ter-Petrossian, cité par le Service arménien de RFE/RL. “Il a sur les mains le sang de nos soldats tombés et aussi la perte de tout l’Artsakh », a ajouté Zurabian en soulignant : « Cette faute, cette responsabilité le hanteront tout le reste de sa vie ”.
“Chacune des variantes [du règlement] qui ont été posées sur la table depuis 1991 … était bien meilleure que la situation que nous connaissons actuellement », a indiqué de son côté Artur Khachatrian, un haut responsable de l’alliance d’opposition Hayastan, dirigée par Kotcharian.Khachatrian a réitéré les accusations de l’opposition selon lesquelles Pachinian aurait précipité le déclenchement de la guerre de l’automne 2020 avec l’Azerbaïdjan avec ses politiques erratiques et ses déclarations à l’emporte-pièce sur le conflit du Karabakh. La plupart des propositions de paix du Karabakh étaient fondées sur les Principes dits de Madrid que les médiateurs américain, russe et français avaient énoncés dès 2007.
Ce projet de règlement, régulièrement modifié dans la décennie suivante, prévoyait le droit à l’autodétermination des Arméniens du Karabakh tout en appelant à leur retrait des districts azerbaïdjanais autour du Karabakh occupés par les Arméniens depuis le début des années 1990. Pachinian a à maintes reprises critique les Principes de Madrid depuis la guerre de 2020. En particulier, il a affirmé en 2021 que les puissances médiatrices oeuvraient à une “restitution de terres” à l’ Azerbaïdjan sans rien offrir en échange à la partie arménienne.
Le ministère russe des affaires étrangères avait à l’époque démenti avec force une telle version des faits, en faisant valoir que l’accord proposé stipulait qu’un statut internationalement reconnu soit accordé au Karabakh par la voie d’un referendum et prévoyait de solides garanties de sécurité pour sa population majoritairement arménienne. Les leaders de l’opposition arménienne affirmant que Pachinian avait rendu cette guerre désastreuse inévitable en rejetant la dernière version des Principes de Madrid.
En 2021, Serge Sarkissian avait publié un enregistrement audio secrètement réalisé de la rencontre de 2019 au cours de laquelle Pachinian déclarait qu’il s’opposait à ce plan de paix car il n’aurait pas officialisé sur le champ la sécession du Karabakh de l’Azerbaïdjan. Le premier ministre arménien avait ajouté qu’il était prêt à “faire le fou ou avoir l’air un peu fou” afin d’empêcher un tel règlement. L’opposition l’a aussi rendu responsable de la défaite de l’Arménie dans la guerre de six semaines et de la reconquête totale par l’Azerbaïdjan du Karabakh en septembre 2023. Pachinian quant à lui, n’a cessé d’en rejeter la responsabilité sur les ex-présidents Sarkissian et Kotcharian.
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