Votre publicité ici

(Pendant 7 jours)

Bakou juge les anciens dirigeants de l’Artsakh dans un climat de pressions et d’irrégularités

Le tribunal militaire de Bakou a poursuivi, jeudi, l’examen du dossier impliquant plusieurs anciens responsables de l’Artsakh (Nagorno-Karabakh), un procès qui suscite de vives inquiétudes quant à son équité. Tandis que le cas de Ruben Vardanyan est traité séparément et reprendra le 10 février, les audiences des autres figures de l’Artsakh reprennent aujourd’hui.

Selon les médias azerbaïdjanais, des extraits des actes d’accusation ont été présentés lors des sessions précédentes. L’ancien président de l’Artsakh, Arayik Harutyunyan, et l’ex-ministre des Affaires étrangères, David Babayan, ont eu l’occasion de s’exprimer. En parallèle, une partie des accusations formulées à l’encontre de Ruben Vardanyan a également été dévoilée.

Des entraves à la défense

Dans une interview accordée à Armenian News-NEWS.am, l’avocate Siranush Sahakyan, qui représente les prisonniers de guerre arméniens auprès de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), a dénoncé de graves irrégularités dans la procédure judiciaire visant Ruben Vardanyan. Selon elle, les informations reçues par la famille de Vardanyan via son avocat local, Avraam Berman, révèlent des manœuvres visant à entraver la défense.

L’un des principaux obstacles concerne la traduction. « Le dossier compte 422 volumes en azerbaïdjanais et le traducteur assigné a multiplié les erreurs grossières, allant jusqu’à faire référence à la législation du Belarus au lieu de celle de l’Azerbaïdjan », a expliqué Me Sahakyan. Pire encore, le tribunal a exigé que Vardanyan et son avocat se chargent eux-mêmes d’une traduction correcte, une obligation jugée « absurde et partiale » par la défense.

D’autres violations du droit à un procès équitable ont été relevées : « Toutes les demandes de l’avocat de la défense pour obtenir des copies du dossier et accéder aux enregistrements vidéo ont été rejetées », a déploré l’avocate. Selon elle, ces pratiques visent à maintenir un contrôle total sur la narration du procès et à éviter toute remise en question du récit officiel relayé par Bakou.

Des témoignages sous pression

Arayik Harutyunyan et David Babayan ont été autorisés à s’exprimer lors des audiences, mais leurs déclarations sont entachées de soupçons. « Ces témoignages ont été obtenus sous pression et ne paraissent pas crédibles aux yeux d’un spécialiste international », a affirmé Siranush Sahakyan. L’avocate pointe un objectif clair : délégitimer toute idée d’autodétermination de l’Artsakh et présenter l’ancien régime de Stepanakert comme un « projet criminel ».

« Ils [les autorités azerbaïdjanaises] cherchent à réécrire l’histoire en qualifiant l’autodétermination de l’Artsakh d’activité criminelle d’occupation de territoires », a-t-elle ajouté.

Ce procès, qui se déroule à huis clos avec un accès limité à l’information, continue de susciter des critiques internationales. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont dénoncé l’absence de garanties fondamentales et le caractère hautement politique de cette affaire, qui reflète l’approche répressive du gouvernement azerbaïdjanais à l’égard des anciens dirigeants de l’Artsakh.


Nos lecteurs ont lus aussi