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Dans son rapport annuel, Human Rights Watch (HRW) met en cause la légalité de l’usage par la police arménienne de grenades assourdissantes contre les manifestants en juin à Erevan
Dans son rapport annuel, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) met en cause la légalité de l’usage par la police arménienne d’un certain type de grenades assourdissantes contre les manifestants en juin 2024 à Erevan. Des milliers de personnes, sous la conduite de l’archevêque Bagrat Galstanian s’étaient rassemblées le 12 juin dans une rue aux abords du Parlement arménien pour demander la démission du premier ministre Nikol Pachinian, dans le cadre d’une vaste campagne de protestation provoquée par la décision en avril du gouvernement arménien de céder unilatéralement quatre localités frontalières de la province septentrionale arménienne du Tavoush à l’Azerbaïdjan. Des heurts avec la police s’étaient produits peu avant que les forces de sécurité ciblent les manifestants avec des dizaines de grenades assourdissantes. Au moins 83 manifestants et 8 journalistes avaient été blessés suite à ces tirs nourris de grenades. “La loi arménienne n’avait pas, au moment des faits, fournit une base spécifique pour l’utilisation de ce type de grenades assourdissantes déployées le 12 juin”, constate HRW dans son rapport annuel sur les pratiques relatives aux droits de l’homme dans le monde publié ce weekend. “En juillet, les autorités les avaient ajoutées à l’arsenal des unités de police du ministère de l’intérieur mais avaient classé les informations critiques relatives aux conditions pour leur utilisation”, poursuit le rapport. Les forces de sécurité des unités antiémeutes de la police arménienne auraient utilisé des grenades de type Zarya-3 qui sont conçues, selon leur constructeur russe, pour “supprimer temporairement la stabilité mentale des criminels armés avec des effets acoustiques et lumineux”. La ministre arménienne de la santé Anahit Avanesian avaient jugé bon de les ajouter à la liste du ministère des équipements autorisés de contrôle des foules, mais seulement à la date du 26 juin, soit deux semaines après leur utilisation délétère contre les manifestants rassemblés aux abords du Parlement. Des représentants de l’opposition arménienne et de la société civile en ont tiré argument pour soutenir que l’utilisation des grenades Zarya-3 était illégale. La police et une autre instance en charge de l’autorité, le Comité d’enquête, se refusent toujours pour leur part à préciser quel type d’engin explosif avait été utilisé le 12 juin. Le Comité n’a cessé de justifier la répression policière, en arguant qu’elle avait mis fin à des “désordres de masse”. Malgré sa sévérité coutumière dans ce genre de situation, il n’a toutefois poursuivi qu’une seule personne pour sa participation à ces “troubles massifs”. Quatorze autres manifestants seront accusés plus tard en 2024 de “hooliganisme” consistant en jets de bouteilles en plastique et autres objets tout aussi inoffensifs sur la police. “Si les autorités ont enquêté sur le comportement de la police, elles n’ont prononcé aucune accusation [contre des officiers de police] à ce jour”, souligne le rapport de HRW. L’ONG basée à Washington a indiqué que les violences du 12 juin et les développements qui s’en sont suivis soulignent des manquements persistants en Arménie lorsqu’il s’agit de rendre des comptes pour les abus dans l’exercice de l’autorité. Des dizaines d’autres manifestants avaient été aussi gravement blessés par la police en répondant à l’appel de l’archevêque Galstanian lancé en mai dernier pour un changement de régime. Aucun policier n’a été poursuivi pour ces incidents, y compris le passage à tabac le 27 mai par des membres d’une unité spéciale de la police du député de l’opposition Ashot Simonian. “D’autres problèmes sont sujets à préoccupation, dont des systèmes de surveillance intrusive, des cas de violences domestiques, de discrimination contre des personnes affligées de handicap et de violence et discrimination fondées sur les orientations sexuelles et autres identités de genre” conclut le rapport de HRW.