Israël, Arménie et Kurdes syriens : une stratégie à courte vue selon Michael Rubin

Dans une analyse percutante publiée sur le site de l’American Enterprise Institute, Michael Rubin dénonce la politique israélienne au Haut-Karabagh et s’interroge sur son avenir face à la Turquie et à ses ambitions régionales. Rubin critique sévèrement la complicité d’Israël dans le nettoyage ethnique des Arméniens du Haut-Karabagh, ainsi que son silence face à la répression des Kurdes syriens par Ankara.

Rubin commence par rappeler le contexte du conflit armé qui a éclaté le 27 septembre 2020 dans le Haut-Karabagh. Cette région montagneuse habitée majoritairement par des Arméniens, comparée à une « Suisse du Caucase », a été la cible d’une attaque surprise de l’Azerbaïdjan. Ce dernier a utilisé des drones et des munitions israéliens pour lancer une offensive qui a culminé avec un nettoyage ethnique, selon Rubin.

L’inaction et le soutien d’Israël à l’Azerbaïdjan ont suscité une profonde colère parmi les Arméniens et leurs alliés, souligne Rubin. Il pointe également l’hypocrisie d’Israël, qui reste l’un des rares pays occidentaux à ne pas reconnaître le génocide arménien, tout en soutenant un régime azéri accusé de détruire des églises et des monastères arméniens.

Une stratégie moralement et stratégiquement douteuse
Michael Rubin ne mâche pas ses mots pour dénoncer ce qu’il appelle une « stratégie à court terme et autodestructrice » d’Israël. Il avertit que le soutien israélien à l’Azerbaïdjan crée un dangereux précédent pouvant être utilisé contre les Juifs en Cisjordanie, où les Palestiniens remettent également en question les liens historiques des Juifs avec la terre.

Rubin s’en prend aussi à l’argument selon lequel l’Azerbaïdjan serait un allié stratégique pour Israël grâce à ses ressources énergétiques. Selon lui, cet argument n’est plus valable à l’ère des Accords d’Abraham, qui ont ouvert de nouvelles sources d’approvisionnement sans le coût moral d’un soutien à un régime autoritaire. Il qualifie également de dépassée la notion selon laquelle l’Azerbaïdjan serait un « refuge pour les Juifs », en rappelant que la majorité des Juifs azéris ont quitté le pays il y a des décennies.

La Turquie : un allié de l’Azerbaïdjan et une menace pour Israël
Rubin avertit qu’Israël sous-estime le rôle de la Turquie dans ce partenariat régional. Il accuse Ankara d’utiliser Bakou comme intermédiaire pour accéder aux technologies israéliennes, qu’elle pourrait ensuite retourner contre l’État hébreu. Il note qu’Erdogan affiche un agenda ouvertement hostile envers Israël, tout en continuant à renforcer son industrie militaire.

Michael Rubin étend son analyse à la question des Kurdes syriens, qu’il considère comme la prochaine minorité menacée par Ankara. Il qualifie d’absurde l’accusation turque de « menace terroriste » à l’encontre des Kurdes, arguant que la véritable opposition de la Turquie réside dans le libéralisme et l’autonomie kurdes, qui rejettent l’islam politique des Frères musulmans prônés par Erdogan.

Rubin appelle Israël à agir concrètement en faveur des Kurdes syriens en leur fournissant des armes telles que des missiles antiaériens, des drones et des technologies anti-drones. Ce soutien, selon lui, renforcerait non seulement les Kurdes contre la Turquie, mais aussi la position stratégique et morale d’Israël.

Un avertissement pour Israël
L’inaction face aux assauts turcs contre les Kurdes serait, selon Rubin, non seulement une tache morale, mais aussi une erreur stratégique majeure. Israël ne peut espérer être soutenu par les minorités du Moyen-Orient si, à chaque fois, il les trahit. Rubin conclut que les Kurdes, qui ont joué un rôle clé dans la défaite de l’État islamique, pourraient être des alliés précieux pour Israël dans sa lutte contre la Turquie et ses autres ennemis régionaux.

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