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Trop, c’est trop ! semble enfin dire le premier ministre arménien Nikol Pachinian, face à la surenchère de conditions que pose l’Azerbaïdjan à l’Arménie en vue de la signature d’un traité de paix durable et global en négociations depuis deux ans. Le dirigeant arménien a ainsi adressé une fin de non-recevoir jeudi 19 décembre aux demandes toujours plus insistantes et nombreuses de l’Azerbaïdjan, qu’il s’agisse du changement de la Constitution arménienne ou de l’arrêt d’achat d’armes à l’étranger, en passant par le retour des citoyens azéris qui résidaient jusqu’en 1989 en Arménie alors soviétique, en accusant Bakou d’afficher des revendications territoriales sur l’Arménie.
Pachinian était invité par l’agence de presse arménienne officielle Armenpress à commenter les multiples conditions réitérées par le président azerbaïdjanais Ilham Aliev pour signer un accord de paix arméno-azéri, au détour d’une interview accordée à une chaine d’Etat russe mercredi 18 décembre. Au nombre de ces conditions, le changement de la Constitution arménienne dont Bakou affirme qu’elle renferme des revendications sur le Nagorno-Karabakh dont l’armée azerbaïdjanaise a repris le contrôle fin septembre 2023. Pachinian a une fois encore invoqué la décision de septembre de la Cour constitutionnelle d’Arménie réfutant de telles allégations. Il indiquait que c’était Bakou qui, de fait, avait des revendications sur le territoire internationalement reconnu de l’Arménie, en mettant en avant l’utilisation récurrente par Aliev’ du terme ‘Azerbaïdjan occidental » pour désigner en tout ou partie de son territoire, l’Arménie actuelle. “Il est évident qu’en invoquant ce soi disant ‘Azerbaijan occidental’, les autorités azéries entendent éluder leurs propres revendications territoriales sur l’Arménie qui sont inscrites dans dans la Constitution de l’Azerbaïdjan”, a ajouté le dirigeant arménien.
Aliev a par ailleurs une fois encore exigé mercredi que Erevan garantisse le retour des Azerbaïdjanais qui vivaient en Arménie soviétique jusqu’à la fin des années 1980. Il s’est bien gardé en revanche d’évoquer le droit au retour de la population arménienne autochtone du Karabakh qui avait fui la région sous la pression de l’offensive militaire azérie des 19-20 septembre 2023, et moins encore de celui des Arméniens qui avaient été chassés à coups de pogromes, de 1988 à 1990 de Bakou et des autres villes de l’Azerbaïdjan, notamment dans la région de Gandja (ex-Elizabetpol), dans le prolongement du Karabakh au nord qui était peuplée comme lui d’Arméniens depuis la plus antiquité. Aliev a aussi affirmé que les acquisitions persistantes d’armes par Erevan constituaient une menace à la sécurité de son pays et devaient pour cette raison cesser. “Nous nous procurons des armes uniquement pour défendre les frontières et l’intégrité territoriale de l’Arménie”, a répliqué Pachinian. “Je puis assurer que l’Arménie n’a aucunement l’intention, l’objectif ou quelque plan en vue d’attaquer l’Azerbaïdjan ou de mener des actions provocatives et n’empruntera pas cette voie. Si l’Azerbaïdjan n’a pas l’intention d’attaquer l”Arménie, alors la probabilité d’une escalade dans la région est égale à zéro”, a ajouté le premier ministre arménien.
Les responsables arméniens avaient fait part cette année de leurs inquiétudes quant à la préparation par Bakou d’une autre agression militaire contre l’Arménie après la tenue dans la capitale azérie du sommet mondial onusien de la COP29 sur le climat du 11 au 24 novembre. Le gouvernement de Pachinian avait alors cherché à empêcher une telle éventualité en appelant à intensifier les négociations en vue d’un accord de paix bilatéral. Aliyev avait confirmé que les deux parties étaient tombées d’accord sur 15 des 17 articles du traité de paix en préparation mais il avait mis l’accent sur les deux articles en suspens présentés par Bakou ; les parties s’engageraient à retirer les procédures judiciaires qu’elles avaient engagées l’une contre l’autre devant les tribunaux internationaux et à interdire la présence d’observateurs ou de troupes de tierces parties sur la frontière arméno-azerbaïdjanaise.
La partie azerbaïdjanaise vise, par cet article, à obtenir de l’Arménie qu’elle renonce à la mission d’observation civile de l’UE dont elle avait obtenu le déploiement par Bruxelles le long de la frontière arméno-azérie, côté arménien. Pachinian a émis des réserves concernant ces deux exigences. En particulier, il a réaffirmé que les observateurs ne quitteraient les sections de la frontière que si elles avaient fait préalablement l’objet d’une démarcation en bonne et due forme par les commissions ad hoc arménienne et azérie. A ce jour, seule une petite section, sur une frontière longue de plus de 1 000 kilomètres, a été délimitée et démarquée, au terme d’un processus qui avait suscité un vent de fronde contre le gouvernement de Pachinian en Arménie.
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