Jean-Claude Gaudin Rubrique

Une bonne cause doit toujours être défendue Le point de vue de Jean-Claude Gaudin


C’est d’abord la vision du Mont-Ararat dont il faut parler comme Chateaubriand a parlé de la lumière de Rome. Nuancée d’un bleu irisé, elle ravit et apporte des enseignements si divers, qu’elle vous remplit d’espoir. La réflexion esthétique sous-tend ici la lecture du champ historique, politique et social, et c’est pourquoi mon voyage récent en Arménie me conforte dans mes convictions.
Une bonne cause doit toujours être défendue. Militer pour la reconnaissance du génocide de 1915 s’imposait, à mes yeux, comme une nécessité absolue. Je suis fier d’avoir mené et gagné ce combat avec mes amis de l’Assemblée nationale et du Sénat. Le 29 janvier dernier, la France des Droits de l’Homme a donné l’exemple de ce qu’il fallait faire. Et je redis ici ce que j’ai déclaré à Erevan : « Nous n’avons jamais voulu mettre sur les plateaux d’une même balance, des intérêts économiques et diplomatiques et la reconnaissance du massacre d’un million et demi de personnes. » Une offense historique est enfin identifiée. Elle a un nom. Elle n’était pas moins qu’un génocide.
Toute l’histoire de l’Arménie est hantée par une idée : vivre. Cette vérité-là vous saisit et vous envahit au Mémorial, sur les hauteurs d’Erevan, où l’inscription « Un peuple qui ne veut pas mourir ne mourra jamais » est plus qu’un symbole. C’est aussi un défi. L’Arménie travaille aujourd’hui pour mériter ses rêves de grandeur et de prospérité. Ce que j’ai vu là-bas n’est ni folklore ni exotisme : une réalité infiniment plus riche. Je suis persuadé que ce pays, qui se relève progressivement d’un siècle de malheurs, est sur la bonne voie. Mon séjour m’a permis de rencontrer des hommes et des femmes de qualité, acteurs politiques, économiques, scientifiques et universitaires, dont la compétence et le dynamisme sont en définitive les meilleurs atouts de l’Arménie nouvelle.
L’accord-cadre de coopération entre Marseille et Erevan témoigne de notre volonté réciproque d’aller de l’avant. Il est d’ailleurs encourageant de constater que des partenariats existent entre Marseille et l’Université de médecine d’Erevan et que des hommes d’affaires développent des échanges. Tout cela est de bon augure. Reflet de sa jeunesse, l’Arménie, tout en préservant son héritage culturel et spirituel, bâtit les structures d’un Etat moderne.
De mes entretiens avec les plus hautes autorités du pays, ainsi qu’avec le maire d’Erevan, Robert Nazarian, et Sa Sainteté Karekine II, je tire cette conclusion : la paix avec ses voisins assurera la permanence de la nation arménienne autant que son essor économique et la stabilité de toute une région.
Elle y parviendra en s’ouvrant sur l’Europe dont elle partage les valeurs fondamentales. Qu’elle soit assurée que Marseille l’aidera dans cette noble entreprise.

par le samedi 1er décembre 2001
© armenews.com 2024



Jean-Claude Gaudin est Député-Maire DL de Marseille.