Nerces Durman Rubrique

Une nouvelle représentativité arménienne ?  Ou la cueillette d’un fruit vert.


La cause arménienne était devenue pour la diaspora une affaire brûlante. Pour faire du crime perpétré contre la nation arménienne il y a près d’un siècle une réalité inébranlable auprès de tous les pays nécessite une réflexion sérieuse et approfondie. La cause arménienne ressemble à une forteresse imprenable qui ne tombera qu’en exploitant des arguments d’une subtilité diplomatique et en arguant de la défense des droits de l’homme.
Engager un procès devant les instances d’un pays ne doit se faire qu’à la condition d’une victoire certaine. Le 25 décembre 2010, Hagop Tchakeryan dans le journal AZG écrivait en substance qu’il aurait été préférable de ne pas présenter une motion au vote plutôt que de la voir rejetée comme ce fut le cas dernièrement aux États‐Unis d’Amérique.
Pourquoi nos respectables intellectuels qui ont la qualité de représenter la communauté dans les pays où ils vivent s’obstinent et s’entêtent dans des idées à courte vue.
En France, l’Assemblée Nationale avait reconnu officiellement le génocide arménien de 1915, mais le Sénat s’obstinait à ne pas inscrire ce texte à l’ordre du jour de ses séances. Face à cette situation inextricable, les membres du comité du 24 avril étaient inquiets et en plein désarroi. Lors d’une réunion, un de ses membres déclarait que la reconnaissance du génocide ne devait se faire qu’avec le seul recours aux forces arméniennes. La majorité des membres eut la clairvoyance de ne pas à adhérer à cette proposition. Autrement, la communauté arménienne aurait dû attendre des années pour la reconnaissance du génocide des Arméniens.
C’est en effet grâce à l’implication de tous les partis politiques et des syndicats français que le 18 janvier 2001, la France reconnaissait
officiellement le génocide de 1915.
En 2001, le comité du 24 avril se transforma en C.C.A.F. (Conseil de Coordination des Associations
arméniennes de France) composé d’une quarantaine d’associations. Cette nouvelle structure accomplit des tâches positives et permit à deux de ses membres d’être élus à des postes nationaux
et européens.
La formation qui il y a 10 ans assurait que la question arménienne ne devait se résoudre que dans un cadre arméno‐arménien élaborait avec d’autres éléments une constitution mettant en place le C.F.A. (Conseil Franco‐Arménien).
Nous ne pensons pas que cette métamorphose confère une véritable représentativité à la communauté et qu’elle puisse assurer l’unité de la diaspora.
La mutation du C.C.A.F. en C.F.A. est comparable à la cueillette d’un fruit encore trop vert.
Nous estimons que la communauté arménienne doit s’organiser autrement si elle désire réellement
avoir une représentativité.
Il faut tirer les leçons du passé pour ne pas s’enfoncer dans le bourbier.

Nersès DURMAN
Paris janvier 2011
www.armen-progres.com

par le jeudi 13 janvier 2011
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