THEATRE Rubrique

« Deux frères » : Tigran Mekhitarian et Théo Askolovitch, entre complicité et rivalité


Deux frères pris en étau entre leur complicité exclusive et l’arrivée d’une femme qui vient tout remettre en cause : le texte de Fausto Paravidino, modernisé par Tigran Mekhitarian et Théo Askolovitch, proposé sur les planches du théâtre de la Reine Blanche à Paris.

« Il était une fois deux frères, deux fauves, deux trous dans le cerveau. Poto, deux paires » : ce texte du rappeur PNL que l’on peut entendre jusqu’au 18 août au théâtre de la Reine Blanche illustre le propos de la pièce Deux Frères et symbolise la mise en scène audacieuse des deux complices, Tigran Mekhitarian et Théo Askolovitch. Les jeunes artistes se sont emparés du texte poignant de l’Italien Fausto Paravidino, en se débarrassant de tout pathos pour en extraire la brutalité, le tout sur une bande son dynamique et éclectique. Une mise en scène qui suggère plus qu’elle n’explique, à l’image de la langue de l’auteur italien.

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Tigran Mekhitarian est Lev, un grand frère très protecteur © Juliette Guénon

Au départ, deux frères donc, Boris et Lev, qui, unis par une relation fusionnelle, cohabitent ensemble. Mais tout se complique lorsqu’ils décident d’héberger Erica, une jeune femme libre, joueuse, entière, qui les trouble l’un comme l’autre mais dont la liaison avec Lev va déclencher un cataclysme. Et quand Boris tombe à son tour amoureux d’Erica, le drame semble inévitable...

Et pourtant, la proposition moderne qui nous est montrée n’est pas dénuée de légèreté, voire même d’humour : la bande originale dynamique oscille entre Les Mots bleus, Libérée délivrée ou encore des textes du rappeur Sinik, l’accent théâtral est principalement mis sur les lumières et l’expression des corps, alors qu’on assiste au contraste saisissant entre la légèreté des banalités du quotidien de la vie en colocation et la dureté des sentiments amoureux et fraternels. Un équilibre qui fait la force de cette version des Deux frères, et qui semble être la marque de fabrique de Tigran, lui qui a mis récemment en scène des textes de Molière sur fond de rap pour casser le côté « élitiste du théâtre » d’aujourd’hui.

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Le comédien et metteur en scène Tigran Mekhitarian © Natacha Lamblin.

S’il tourne avec cette pièce depuis trois ans, Tigran Mekhitarian l’assure : « Chaque fois que je joue Deux Frères, je suis heureux. » Et ça se voit, comme a pu le souligner Nicolas Lormeau de la Comédie française : « L’énergie de l’écriture de Paravidino est incarnée par ces trois-là avec une vérité époustouflante : s’ils n’étaient pas si bons acteurs, si on ne sentait pas à chaque instants la maîtrise des corps et des intentions, si la langue n’était pas à ce point respectée, notre position de spectateur de théâtre basculerait immédiatement dans la position de spectateurs de faits divers. »

Claire Barbuti

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Deux Frères, mis en scène par Théo Askolovitch et Tigran Mekhitarian, d’après le texte de Fausto Paravidino
Avec Théo Askolovitch, Tigran Mekhitarian et Manika Auxire
Théâtre de la Reine Blanche - 2 bis Passage Ruelle, 75018 Paris - Tél. : 01 40 05 06 96
Du jeudi 15 au samedi 17 août à 21h, le dimanche 18 août à 15h

par Claire le mardi 13 août 2019
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