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N. Pachinian évoque une sortie de crise avec V.Poutine concernant l’OTSC


Le premier ministre arménien Nikol Pachinian a eu un entretien téléphonique jeudi 16 août avec le president russe Vladimir Poutine en vue de désamorcer la crise provoquée par les poursuites judiciaires engagées en Arménie contre Youri Khatchatourov, le secrétaire général en exercice de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie comprenant 6 anciennes Républiques soviétiques dont l’Arménie. L’entretien a porté essentiellement sur les modalités d’un remplacement de l’officier arménien qui dirige depuis avril 2017 l’OTSC. Le Kremlin a indiqué que les deux dirigeants avaient discuté des relations bilatérales entre leurs pays et de leur “interaction dans une intégration dans les structures communes et plus précisément dans le cadre de l’OTCS”. Le Kremlin n’a pas apporté plus de précision, se contentant de souligner que cette conversation téléphonique avait eu lieu à l’initiative de N.Pachinian. Côté arménien, on signalait que durant cet entretien téléphonique, MM.Poutine et Pachinian avaient discuté “de sujets techniques relatifs au fonctionnement de l’OTSC”, sans fournir davantade de détails. Le secrétaire général de l’OTSC, Youri Khatchaturov, est cet ancien général arménien qui a été accusé fin juillet par la justice arménienne d’avoir lancé des unités de l’armée pour mater les manifestants de l’opposition en mars 2008, sur ordre du président de l’époque, Robert Kotcharian, qui avait été pour sa part arrêté et placé en détention le 27 juillet. Le ministre de la défense de l’époque, Haroutounian, avait été aussi inculpé dans le cadre de cette affaire, mais il s’est soustrait à la justice arménienne et a fui le pays. Quant à Y. Khatchatourov, il a été libéré contre caution puis autorisé à quitter le pays pour regagner son bureau de Moscou pour y exercer ses activités à la tête de l’OTSC. Ces procédures juduciaires visant Y. Khatchatourov et d’autres anciens dirigeants arméniens avaient suscité les vives critiques de la Russie, contraignant Erevan à calmer le jeu. Le ministère russe des affaires étrangères avait aussi ironisé sur l’amateurisme du nouveau pouvoir arménien, en lui faisant comprendre qu’après cette procédure cavalière visant le leader arménien de l’OTSC, il ne pouvait tenir pour acquis que Y. Khatchatourov soit remplacé, comme il le souhaite, par un autre secrétaire général de nationalité arménienne. Il avait souligné que Erevan devait “rappeler” de façon formelle et conformément aux statuts de l’alliance militaire Y.Khachaturov, avant de songer à le remplacer. A l’issue de l’entretien téléphonique entre MM. Pachinian et Poutine, on ne sait toujours pas si la Russie sera d’accord pour qu’un autre Arménien dirige l’OTSC. V. Poutine avait évoqué ce sujet avec son homologue kazakh Nursultan Nazarbayev en marge d’un sommet des pays riverains de la mer Caspienne dans la ville Kazakh d’Aktau, le 12 août. On doute que N. Nazarbayev, qui a déjà pris plus d’une fois position en faveur de l’Azerbaïdjan, pourtant non membre de l’OTSC, dans le conflit du Karabagh, soit très favorable à une solution arménienne à cette crise dont il a confié à V. Poutine qu’elle “devenait un problème”. La Russie détient la clé de ce problème, et elle est d’autant plus en position de le faire qu’elle est ressortie en position de force du sommet d’Aktau, qui esquissait une solution aux conflits territoriaux entre les pays riverains de la mer Caspienne. Les Etats membres de l’OTSC avaient convenu en 2015 que leurs représentants assument à tour de rôle la présidence tournante de l’alliance. Y. Khatchaturov avait été nommé secrétaire général en avril 2017 après deux mois d’âpres discussions dues aux réticences du Kazakhstan et de la Biélorussie, qui ne voulaient pas d’un dirigeant arménien à la tête de l’alliance par souci de ménager l’Azerbaïdjan.

par Garo Ulubeyan le vendredi 17 août 2018
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