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Garo Paylan acclamé au dîner du CCAF, en présence d’Emmanuel Macron


Pour sa cinquième édition, le dîner du CCAF s’inscrit plus que jamais comme un rendez-vous incontournable pour la communauté arménienne de France... Et même au-delà : cette année, le député turc Garo Paylan avait fait le déplacement pour discuter avec Emmanuel Macron, et recevoir la médaille Vermeil des mains de la maire de Paris, Anne Hidalgo.

Anne Hidalgo, Garo Paylan, Ara Toranian © Claire Barbuti.

Une récompense amplement méritée pour le courageux homme politique d’opposition, longuement et à plusieurs reprises applaudi par les 500 personnes présentes dans la salle de réception de l’hôtel du Collectionneur ce mardi 30 janvier 2018.

Il y en a un qui est en immense danger aujourd’hui en Turquie. Et il est là ce soir, avec nous ! Je veux parler de Garo Paylan “, a ainsi dit en préambule Mourad Papazian, coprésident du CCAF. “Votre vie est en danger tous les jours. Vous êtes un héros de la démocratie, des droits humains“ : en lui rendant la plus haute distinction de la capitale, Anne Hidalgo a voulu prouver qu’“à chaque fois que vous aurez besoin de nous, les Arméniens seront là, et Paris sera là“. “Merci d’être là, merci pour l’action que tu mènes“, lui a lancé Mourad Papazian, un merci largement partagé par l’ensemble des personnes présentes qui se sont pressées à ses côtés pour lui dire quelques mots et le soutenir dans son action indispensable au sein de l’opposition démocratique du Parlement turc.

Garo Paylan, Ara Toranian, Emmanuel Macron, Mourad Papazian © Claire Barbuti.

Garo Paylan et Costa-Gavras en grande conversation à la table d’honneur © Claire Barbuti.

A ses côtés à la table d’honneur, d’un côté le réalisateur Costa-Gavras, sensible à la cause arménienne, mais également Serge et Beate Klasfeld qui ont reçu la médaille du courage du CCAF des mains du coprésident Ara Toranian, pour leur combat mené, un combat de justice et de mémoire.

Le couple Klasfeld © Claire Barbuti.

Nous avons toujours été aux côtés du peuple arménien, a assuré Serge. Et nous militons aussi pour qu’Israël fasse son possible pour la reconnaissance. Nous espérons également que la loi réprimant la négation du génocide arménien sera votée en France, au même titre que celle qui protège la communauté juive.

Le président de la République, Emmanuel Macron, a également parlé de cette loi dans son discours d’une trentaine de minutes : “ Il faut lutter contre le négationnisme (...) Il est essentiel que la représentation nationale se ressaisisse dans les prochains mois de ce sujet “. Une nécessité d’autant plus urgente que, comme l’a souligné le maître de cérémonie André Manoukian en s’appuyant sur les écrits de Paul Ricœur (La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli) : “Nous, les Arméniens, si nous voulons appliquer le principe du pardon, il n’y aurait personne à qui pardonner puisque la Turquie nie toujours“.

Ara Toranian au micro, et les membres du CCAF © Claire Barbuti.

Ara Toranian a insisté sur l’importance d’une telle loi de pénalisation, “comme l’est l’inscription officielle dans le calendrier républicain des commémorations du 24 avril ou l’enseignement du génocide dans les programmes scolaires selon les termes préconisés par la mission de Vincent Duclert“. Sur ce premier point aussi, le président Macron a pris des engagements : “ Pour le devoir du mémoire, nous soutenons au calendrier républicain l’inscription d’une journée de commémoration du génocide. C’est un engagement que j’ai pris quand j’étais candidat, et je le confirme ce soir“.

Le maître de cérémonie André Manoukian, ici en compagnie de Mathieu Madénian et Stéphane Hasbanian © Claire Barbuti.

François Hollande a fait un travail remarquable pour la cause arménienne. Nous comptons sur vous pour ramasser sa flèche et la lancer encore plus loin “, a souligné André Manoukian dans une formulation poético-juste dont il a le secret. Le musicien et homme de télévision s’est illustré tout au long de la soirée par ses prises de parole lyriques, personnelles et humoristiques. Il a notamment rendu un hommage à sa grand-mère, “ à qui je dois sans doute mon amour immodérée pour la montagne. C’était une championne de randonnée. Elle a fait Amasya/Deir ez-Zor, soit 1000 kilomètres à pieds, avec ses soeurs, dont elle maculait le visage de boue pour ne pas qu’elles se fassent enlever... Mais ces histoires vous les connaissez tous “, car elles sont celles de chaque Arménien présent dans la salle.

Les coprésidents du CCAF avec Patrick Devedjian et Georges Képénékian © Claire Barbuti.

Le député Jacques Marilossian et le représentant de l’Artsakh en France, Hovannes Guevorkian © Claire Barbuti.

Le maire d’Alfortville Michel Gerchinovitz et le député Luc Carvounas © Jean Eckian.

Avec René Rouquet © Claire Barbuti.

Rémy Makinadjian Valérie Boyer © Claire Barbuti.

Pascal Chamassian et Jean-Marc Germain © Jean Eckian.

Dans la salle justement, on peut signaler la présence des deux ambassadeurs, Viguen Tchitetchian et Jonathan Lacôte, d’élus d’origine arménienne (le maire de Lyon Georges Képénékian, Patrick Devedjian, les députés Danièle Cazarian et Jacques Marilossian “content d’être là, pour mon premier dîner du CCAF qui a une grande importance“, ...) ou non (Luc Carvounas, Valérie Boyer, René Rouquet, François-Michel Lambert, de nombreux nouveaux députés d’En Marche, ...), de personnalités religieuses, de journalistes (Laurent Joffrin, Daniel Bilalian, Audrey Pulvar, Georges Malbrunot, Valérie Toranian, ...) ou encore d’artistes (Lévon Sayan, Alain Terzian, Mathieu Madénian, Robert Kéchichian, ...).

Avec Audrey Pulvar © Claire Barbuti.

Avec Levon Sayan et Liz Sarian © Jean Eckian.

Robert Kéchichian et Michel Chahinian © Claire Barbuti.

Le président de la République avec le journaliste Daniel Bilalian, et les deux ambassadeurs © Claire Barbuti.

Tous les combats que nous menons avec vous ne sont pas purement rétrospectifs, a continué le chef de l’Etat, une myosotis épinglée sur sa veste. Par votre action, vous nous obligez à regarder en face notre présent, et à ouvrir les yeux sur les tragédies de notre temps“, parlant notamment de la Birmanie, de la Libye, de la Syrie, face notamment à Patrick Karam, président de la Chrédo, et Elise Boghossian, tous les deux présents dans la salle. “Comme elle a accueilli hier les Arméniens fuyant le génocide, c’est l’honneur de la France d’accueillir les réfugiés aujourd’hui“, a assuré Emmanuel Macron, en venant au dialogue qu’il a engagé avec la Turquie : “ Nous avons besoin de la Turquie “.

Avec Patrick Karam © Claire Barbuti.

Essaï Altounian, Elise Boghossian et son mari © Jean Eckian.

Ce qu’Ara Toranian a nuancé : “ On nous dit que nous avons besoin de la Turquie. Sans doute. Mais en tout cas pas d’une Turquie qui menace ses voisins, qui occupe Chypre, un Etat membre de l’union européenne, qui jette ses journalistes en prison, qui compte aujourd’hui 55000 prisonniers politiques, qui a licencié 160 000 fonctionnaires pour délit d’opinions et qui fait la guerre aux Kurdes à l’intérieur et à l’extérieur de ses frontières, y compris ceux qui combattaient Daech au sol. Ce à quoi Emmanuel Macron, qui a reçu Erdogan a l’Elysée il y a moins d’un an, a pu persister : “ J’assume le choix de continuer à parler, à dire les choses, à obtenir les résultats. J’assume ce déséquilibre, ce choix plus difficultueux, moins glorieux
que de grandes déclarations mais plus utile“.

Ara Toranian et Emmanuel Macron © Claire Barbuti.

© captation CCAF

Autre sujet qui a cristallisé les discussions hier soir : l’Artsakh et sa sécurité. “ Ce soir, je voudrais vous emmener ailleurs. Venez avec moi au Karabagh “, a interpellé Mourad Papazian au président de la République, qui a rebondi sur ces paroles dans son propre discours : “ Je ne vous accompagnerai pas (...) Je pense que votre combat est essentiel. Mais je pense aussi au rôle de la France, qui est de construire le compromis indispensable. J’espère venir le jour où nous aurons régler tout ça, car le statut quo n’est pas une option.

L’intégralité du discours d’Emmanuel Macron :

Ara Toranian a conclu par un désir : “ En ce qui concerne l’Arménie, monsieur le président, je n’émettrai qu’un souhait : qu’on la laisse seulement vivre ! Elle possède en elle toutes les ressources pour relever les défis de l’avenir, dans de nombreux domaines, dont celui des hautes technologies, comme l’a indiqué Anne Hidalgo.

Anne Hidalgo © Jean Eckian.

Car en effet, deux autres personnalités politiques avaient pris la parole en début de soirée, souhaitant toutes deux développer davantage de partenariats avec l’Arménie, et particulièrement Erevan. Tout d’abord, la maire de Paris a rappelé à quel point la capitale arménienne a été “ l’un de ses plus enrichissants séjours à l’étranger “, et a redit qu’une école TUMO verrait bien le jour en septembre prochain à Paris, précisant qu’elle se situera dans le Forum des Halles. Mais elle a surtout annoncé que l’allée Zabel Essayan (à la limite entre le 11e et le 20e arrondissement de Paris) serait officiellement inaugurée le 8 mars prochain.

Valérie Pécresse © Jean Eckian.

Puis c’est Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, qui a fait également une annonce : “ Grande honte pour nous, aucune université francilienne n’a encore à ce jour de partenariat avec une université arménienne. Je m’engage solennellement à revenir ici l’année prochaine avec un partenariat signé ! “.

La table d’honneur © Claire Barbuti.

Les vidéos des discours d’André Manoukian, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse :

S.E.M. Bernardino Regazzoni, ambassadeur de Suisse en France et en principauté de Monaco, Monsieur Nikolaï Sarkisov, Consul général d’Arménie à Ville de Lyon, Madame Gayane Manukyan, consule au Consulat général d’Arménie à Lyon Լիոնում ՀՀ գլխավոր հյուպատոսություն, le député LREM de la 2e circonscription de la Loire, Monsieur Jean-Michel Mis, Raffi H. Krikorian, président CCAF Centre, Jeanine Paloulian, CCAF Centre et adjointe en charge du patrimoine de Montbrison, Rhone-Alpes. Et des convives représentants “les forces vives de la Nation“, comme le précise le président Macron : la fonction publique, l’éducation nationale, l’énergie, l’industrie automobile, la finance © Jean Eckian

Garo Paylan et Jonathan Lacôte, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la France auprès de la République d’Arménie © Jean Eckian

par le mercredi 31 janvier 2018
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Claire Barbuti